Héritage

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Saint-Romble

Saint-Romble

Saint ROMBLE, ermite de SUBLIGNY,
un héros très discret du Vème siècle
 
Statue de saint Romble, église de Subligny
(Bois polychrome, fin du Moyen-Age) - cliché C.B.
 
 Pierre  BERTHELIER - Cercle d’Etudes Historiques et Archéologiques du Sancerrois
 
Cette brochure est un modeste hommage à deux héros très discrets :
saint Romble, que l’histoire a failli ensevelir à jamais, et Maurice Supplisson, ingénieur et érudit, amoureux du Sancerrois, qui se passionna pour la vie du saint au début du XXème siècle.
Une version plus complète de cette étude a été éditée en Avril 2012 par le Cercle Historique et Archéologique .
 
Tout notre savoir sur la vie du fondateur de Subligny - au Vème siècle de notre ère – provient de  deux feuillets en latin :
-        Un fragment de l’ancien bréviaire de l’abbaye de Saint Satur, daté du XIIème siècle, qui était psalmodié au cours de la fête du saint, le premier dimanche après la Toussaint.
-        La « prose de saint Romble », tirée des livres de l’Eglise St Etienne de Sury-en-Vaux, datée du XVème ou du XVIème siècle.
 
Les deux sources proclament clairement son origine noble, et bretonne (c’est-à-dire venant de Grande Bretagne, et non d’Armorique), de Romble (ou Rhomble), c’est-à-dire Romulus, nom assez usuel chez les celtes romanisés. Elles montrent un ermite détaché des biens matériels et de la gloire,  dévoué aux populations berrichonnes, et mort à un âge avancé dans son ermitage de Subligny.  Dans cette période troublée, le jeune aristocrate britto-romain avait choisi de se replier dans la solitude - loin de son pays natal mais à proximité de la Loire. Il privilégiait le jeûne, et il rendait service aux populations en exorcisant les possédés des alentours (comme le faisait le grand saint Martin). Il fut bientôt rattrapé par les tumultes de l'histoire.
 
Le Sancerrois se trouvait au Vème siècle, après le délitement de l'Empire Romain, à un carrefour des plusieurs royaumes, et donc sur une ligne de front. « L’Etat Romain » est alors résiduel, isolé au milieu des royaumes francs, wisigoths, alamans et burgondes. Désormais, les troupes barbares ne combattent plus l'Empire de l'extérieur, elles se battent entre elles à l'intérieur de l'Empire pour le pouvoir dans l'Empire. En l'an 463, le général romain Egidius, maître des milices de la Gaule, est cerné de toutes part, et dans une situation désespérée : il doit évacuer toute la Gaule méridionale, il est coupé de ses communications avec l’Italie. Egidius est le dernier général défenseur de la légalité romaine et son alliance avec les Francs contre les Wisigoths est très fragile. Ses troupes viennent alors occuper la ville de Gordon (aujourd'hui Sancerre), probablement pour contrôler un carrefour et un port important sur la Loire - qui est doté d'un pont bâti au IIIème siècle - et aussi pour piller la cité, car faute de financement impérial, ses ressources sont très maigres.
 
Alerté par les habitants de Gordon, Romble arrive de Subligny pour plaider leur cause auprès d'Egidius, et après avoir été lui-même menacé de mort, il obtient que leur vie et leur biens soient préservés. Son intervention est alors très risquée car il n'est ni un évêque ni un notable de la région -  et il est d’ailleurs alors exceptionnel qu’un ermite vienne ainsi au secours d’une cité à laquelle il est étranger.  Il part ensuite en pélerinage à Rome vers 464/470, effectue quelques miracles sur la route, et son retour à Subligny est tout à la fois discret et modeste : aucun nouveau voyage, pas de nouveau miracle : de simples tâches d’exorciste et probablement guère de nouveaux disciples. La mort, à un âge relativement avancé, termine le récit.
 
La sainteté ne relevait alors que de l'autorité épiscopale, mais cette autorité était alors évanescente dans le Berry. L'enterrement, puis le soin de la tombe relevaient donc uniquement de la dévotion des populations locales, qui en avaient fait un saint. Le tombeau – discret – de Romble est donc demeuré à Subligny jusqu’au XIème siècle, relativement  méconnu, sauf des populations de Subligny, qui ont transmis oralement son récit, d'une génération à l'autre.

Les deux voies romaines d’Orléans à Sancerre vues par Jacques Soyer en 1936 :
le « sentier de Saint-Romble » est une portion de la voie la plus courte entre ces deux villes. 
 
Mais l'histoire ne s'arrête pas là car les « Miracles de Saint Benoît », du XIème siècle nous enseignent que : « Après avoir fondé l’abbaye de Saint Satur, Mathilde de Château Gordon se retira à Subligny, sur le tombeau de saint Romble, où elle fit construire un prieuré conventuel de femmes  dont les premières religieuses furent tirées de l’Abbaye Royale de Saint Laurent de Bourges. Elle s’y referma, elle-même, pris le voile, et après les interstices réglementaires, prononça les vœux perpétuels. Sa retraite fut si profonde que depuis ce moment sa vie nous est inconnue, ainsi que l’époque de sa mort ».
 
Après la mort de la comtesse Mathilde - une héroine aussi discrète que Romble - le culte du saint fut transféré à Sancerre, grâce à la construction de la chapelle qui lui fut dédiée, sur un site superbe orienté vers le soleil levant, qui domine la Loire, à mi-pente de la colline de Sancerre. Les religieuses de Saint Laurent de Bourges qui prirent la suite de Mathilde gèreront cet héritage, qui sera ensuite pris en charge par les moines de Saint-Satur. Ce sont eux qui mettront au point le « bréviaire » et la « prose » en s’inspirant des traditions populaires qui avaient survécu à saint Romble.
 
La chapelle de Saint Romble, fut la première église paroissiale de Sancerre. Elle demeura longtemps la plus importante de la ville. Pour son malheur, la situation de la chapelle à l’extérieur du bourg en faisait un joyau fragile. Elle fut saccagée en 1420 par les Anglais, en 1562 par les protestants, et finalement pratiquement détruite en 1569. Elle fut restaurée en 1575 après la prise de Sancerre par les troupes catholiques - afin d’y affermir la foi catholique - mais le culte va peu à peu péricliter et elle sera partiellement détruite à la Révolution pour servir de matériau de construction. 
 
La chapelle Saint Romble en  1899  après les fouilles de Paul Gauchery
(Fonds Supplisson, archives J-C. Bonnet)
 
A la fin du XIXème siècle, des fouilles sont entreprises à l’initiative de Mademoiselle de Crussol, qui avait fait reconstruire le château de Sancerre. Afin de préserver ces ruines, en 1919, Maurice Supplisson se rend acquéreur du terrain auprès du nouveau propriétaire du château, André Marnier-Lapostolle : cette parcelle avait failli devenir « une garenne à lapins ».
 
Le pèlerinage traditionnel de Subligny à la chapelle Saint Romble a continué jusqu’aux années 1960. Dans son "Histoire de Verdigny-en-Sancerre", Jean Landois rapporte la "légende du sentier de saint Romble": « A mi-côte de Sancerre, du côté de la Loire, subsistent quelques ruines de la chapelle qui porte le nom de Saint-Romble. Romulus, ou Romble, qui fonda vers les Vème siècle un monastère à Subligny (où il mourut), empruntait le chemin, direct et abrupt, qui reliait les deux constructions. Or, ce sentier, à travers le vignoble de Verdigny, est encore parfaitement visible. Selon la légende, quiconque, dans les temps à venir, sous peine de mort dans l'année, ne devait cultiver à l'endroit exact où, à flanc de coteau, le saint faisait halte pour se reposer. Aujourd'hui, ce recoin, volontairement "délaissé", perpétue la pieuse tradition ». Une petite chapelle a été édifiée au XIXème siècle à Maimbray sur le chemin de saint Romble, ornée de l’inscription « saint Romble qui avez passé par ici priez pour nous ». La statue de saint Romble (en costume franciscain) voisine avec celle de de saint Ursin et de sainte Solange.
 
Les reliques de saint Romble ont disparu pour toujours, mais son souvenir est resté « de l’étoffe dont sont faits les rêves » ….
 
Extrait des lettres de l’abbé Lebeuf au père Prévost (14 septembre 1721)
 
«  En l’an 1562, le 5 mai, comme les protestants se dépêchaient de fermer une brèche faite à leurs murailles, ils prirent pour avoir plutôt fait les pierres de l’église paroissiale (Saint Romble), entre autres des tombes du pavé. Alors, fut ouvert un sépulcre de saint Romble, qui avait le bruit de guérir les fols, et sur lequel était écrit HIC JACET DOMINUS ROMULUS, lequel sépulcre étant ouvert, on ne trouva rien dedans que deux grosses pierres blanches, enveloppées de vieux morceaux de soye comme de taffetas, avec force crottes de souris. »

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Eglise Saint-Pierre de Subligny

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